ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN POLOGNE : UN SCRUTIN QUI PENCHE A DROITE

par Michaël Malherbe, Secrétaire général.

Le cadre du scrutin est simple. Le président sortant, Andrzej Duda – élu en 2015 et réélu en 2020 sous les couleurs du parti national-conservateur Droit et justice, le PiS – n’est pas éligible pour un nouveau mandat. Sur le plan constitutionnel, le président n’a pas le droit de dissolution, donc le gouvernement en place va se maintenir après les résultats. En revanche, le président polonais dispose du droit de véto, ce qui pourrait renforcer le risque d’explosion de la coalition gouvernementale. Entrons dans le vif du sujet avec les résultats du premier tour.

Les candidats et leurs résultats au 1er tour du 18 mai dernier

Avec un taux de participation très satisfaisant de 67,3 %, en augmentation, en particulier auprès des jeunes électeurs, le paysage est assez concentré. Trois candidats ont obtenu des résultats au-dessus de 10% des voix :

  • Rafał Trzaskowski – représentant de la Coalition civique, le parti du Premier ministre Donald Tusk – 31,3 %
  • Karol Nawrocki – le candidat de Droit et justice, le PiS qui exerce donc la présidence – 29,5 %
  • Sławomir Mentzen – Confédération Liberté et indépendance – 14,81 %

Tandis que les deux candidats représentant la gauche rassemblent moins de 10% des voix, un seul candidat passe la barre au-dessus des 5% : Grzegorz Braun – nationaliste d’extrême droite, Confédération de la couronne polonaise – 6,3%. Le reste des candidats, la plupart Indépendants, recueillent des résultats marginaux.

La lecture des résultats à partir du regard porté par l’Ambassadeur de France en Pologne que nous avons rencontré est sans ambiguïté : « c’est un pays au centre de gravité très à droite, il faut faire avec 50 nuances de droite ».

Le PiS représente un électorat conservateur, catholique et rural, mais avec un agenda social sur les questions économiques et dispose sans doute d’une plus forte réserve de voix pour le second tour. D’une part, les électeurs de Sławomir Mentzen, de la Confédération, se sont portés sur un profil ouvertement nationaliste, avec des accents libertariens pour un État minimal qui a séduit un électorat de jeunes hommes avec des propos ambigus sur le viol et l’avortement. D’autre part, les voix de Grzegorz Braun se sont retrouvées exprimées pour un candidat ouvertement antisémite, qui s’est filmé en train d’éteindre le chandelier traditionnel juif et se présente depuis avec un extincteur lors de ses meetings, à l’image du président Javier Milei avec sa tronçonneuse en Argentine. Son score élevé inquiète dans le pays.

Le duel du 2e tour du 1er juin prochain

Le second tour oppose le maire libéral de Varsovie, Rafał Trzaskowski, déjà candidat ayant perdu en 2020, et le nationaliste Karol Nawrocki, soutenu par PiS, Droit et justice. Pour qu’il y ait des transferts de voix envisageables à partir des options populistes et anti-establishment de Mentzen et surtout de Braun, le candidat du PiS risque de mener une campagne très à droite.

D’ores et déjà, alors que nous étions sur place, dans la presse, Karol Nawrocki s’est illustré avec des déclarations tonitruantes pour relancer la controverse des demandes de réparation à l’Allemagne au titre de la 2e guerre mondiale, des déclarations très populaires qui mobilisent auprès de l’électorat patriotique. L’autre argument massue utilisé pour convaincre les électeurs récalcitrants est de ne pas prendre le risque d’élire un président libéral : si la Pologne se met à imiter les autres pays de l’ouest alors elle va récolter les mêmes problèmes, en particulier ceux liés à l’immigration de masse.

A contrario, les réserves de voix paraissent plus faibles pour le candidat arrivé en tête, qui représente le premier parti de la coalition gouvernementale mais qui ne s’est pas présenté avec une étiquette et un programme qui aurait embrassé tous les partis de la coalition gouvernementale dès le premier tour. Il semble que l’exploit du maire d’une autre capitale européenne, le maire de Bucarest libéral et pro-européen, Nicușor Dan élu président de la République en Roumanie ne se reproduira pas en Pologne.

La coalition gouvernementale et la question de Donald Tusk

L’un des points focaux de cette élection présidentielle, à considérer au-delà de la liste des candidats qui émargent cette année, c’est le Premier ministre Donald Tusk, à la tête du gouvernement actuel. La victoire électorale lors des dernières élections parlementaires de 2023 lui a été imputée en raison de sa capacité à former une coalition gouvernementale composée d’une alliance de l’ex- opposition entre la Coalition civique, son parti, ainsi que d’autres alliés comme La Gauche et Troisième voie, qui détiennent ensemble la majorité à la Diète. Mais il ne faut pas oublier que Droite unie, le PiS alors au pouvoir, était arrivé en tête avec 35,3% des voix.

Depuis deux ans, avec la réalité du pouvoir, Donald Tusk a mangé son pain blanc et perdu en popularité. Il est accusé par ses électeurs de ne pas avoir fait assez pour les Polonais. Outre les points de blocage rencontrés en raison des vetos du président qui n’ont pas facilité sa tâche, il ne se serait notamment pas assez battu sur l’avortement. Il a ainsi personnellement déçu une partie de son électorat, en particulier à cause de propos tenus au sujet d’exercices de préparation militaires dans les forces armées d’active réservés aux hommes.

Par ailleurs, sa perception a évolué. En tant qu’ancien président du Conseil européen et du parti de la droite européenne, le PPE, il jouissait d’une image plutôt centriste et libérale à Bruxelles tandis qu’au pouvoir à Varovie, il a glissé vers la droite et sans doute trop à droite sur des sujets sociétaux pour satisfaire les électorats composites de sa coalition.

Au total, le paysage politique polonais est traversé par des dynamiques qui ne lui sont pas particulièrement spécifiques, dont une baisse d’influence des partis gouvernementaux corrélative à une poussée de candidats populistes et extrémistes. Selon ces éléments et nos échanges sur place, la balance pèse plutôt du côté du candidat du PiS. La société est très polarisée comme à l’occasion de chaque scrutin important, la mobilisation et les reports de voix pour le second tour seront cruciaux pour les résultats finaux que nous connaîtrons d’ici quelques jours.

La Hongrie d’Orbán, laboratoire anti-européen ?

Synthèse du voyage d’étude
pour la présidence hongroise du Conseil de l’UE (octobre 2024)

Par Michaël Malherbe, Secrétaire Général

La Hongrie de Viktor Orbán, au pouvoir sans discontinuer depuis 2010, s’est progressivement transformée en un laboratoire d’une nouvelle forme de démocratie « dévoyée » dont nous aurons à affiner la définition. Derrière ce vernis démocratique se dissimule un système sophistiqué de contrôle, de manipulation et de corruption, minant les fondements mêmes de l’État de droit. Ce papier, basé sur le voyage d’étude de l’Atelier Europe lors du semestre de présidence du Conseil de l’UE par la Hongrie, approfondit des entretiens menés avec des acteurs de la société civile, décortique les mécanismes de ce régime et explore des voies de résistance dans un environnement hostile. Comment un État membre défie-t-il les principes qui fondent l’Union ? Comment l’Europe gère-t-elle en son sein un régime qui érode les fondements de l’État de droit, instrumentalise la justice et musèle la presse ? Le cas hongrois est un test grandeur nature pour l’UE. Saura-t-elle relever le défi et protéger son modèle démocratique ? Ou bien laissera-t-elle la tentation autoritaire se propager, menaçant peut-être l’avenir même du projet européen ?

La méthode Orbán : un cocktail explosif de contrôle, de nationalisme et de désinformation

Lorsqu’on écoute différents acteurs de la société civile du pays, on mesure l’emprise du système Orbán sur la Hongrie, qui repose aujourd’hui sur une stratégie méthodique et multiforme. Le premier pilier en est le démantèlement systématique des institutions démocratiques. La Cour constitutionnelle, autrefois garante de la Constitution, a été vidée de sa substance. Le système judiciaire est désormais sous influence, les juges étant nommés et destitués par un organe contrôlé par le pouvoir. L’audiovisuel public, transformé en instrument de propagande, relaie sans relâche la propagande du gouvernement.

Le deuxième pilier est la construction d’un récit national victimaire. Viktor Orbán se pose en défenseur d’une Hongrie qui serait assiégée, menacée par les migrants, George Soros et les élites « globalistes ». Ce discours, teinté de xénophobie et de complotisme, exploite les peurs et les frustrations d’une partie de la population, nostalgique d’un passé idéalisé.

Enfin, le troisième pilier est l’utilisation massive de la désinformation. Un vaste réseau de médias, financés par l’État et des oligarques proches du pouvoir, inonde le pays de fake news et de propagande pro-gouvernementale. Cette machine cible particulièrement les personnes âgées et les populations rurales, moins exposées à des sources d’information alternatives.

L’économie hongroise : un jeu  dangereux d’équilibriste

Malgré sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, la Hongrie a su tirer profit de son intégration au marché européen notamment grâce à l’industrie automobile, moteur essentiel de la croissance, avec par exemple la présence d’usines Audi et Mercedes. Mais cette prospérité, largement financée par les fonds européens, masque une réalité plus sombre : une corruption endémique, un manque de transparence et une dépendance croissante aux investissements étrangers. Orbán joue un jeu dangereux, défiant Bruxelles tout en profitant des financements de l’UE.

Au cœur de la pensée Orbániste : un conservatisme réactionnaire

Aujourd’hui l’idéologie d’Orbán, promue par des think tanks et institutions académiques, s’avère un mélange de conservatisme nostalgique, de nationalisme exacerbé et de rejet des valeurs modernes. L’Europe, perçue comme décadente et en déclin, est accusée de vouloir imposer un modèle libéral destructeur des valeurs traditionnelles. Ce discours, qui trouve un écho dans d’autres pays d’Europe, représente un défi majeur pour l’unité et l’avenir du projet européen.

La résistance s’organise : David contre Goliath

Malgré l’emprise du Fidesz sur la société hongroise, des îlots de résistance persistent, portant la flamme d’une démocratie en sursis. Péter Magyar et son parti Tisza, né de la volonté de rassembler les forces d’opposition, incarnent l’espoir d’une alternative politique crédible. Leur discours, centré sur la lutte contre la corruption, la défense de l’État de droit et le retour à une Hongrie européenne et ouverte sur le monde, séduit une partie croissante de la population, notamment les jeunes et les urbains.

Mais la tâche est immense. Face à un pouvoir qui contrôle la quasi-totalité des médias, l’opposition a du mal à se faire entendre. Les espaces de liberté d’expression se réduisent comme peau de chagrin. Les ONG, souvent accusées de collusion avec des puissances étrangères, sont soumises à des pressions constantes, voire à des campagnes de harcèlement. Les journalistes indépendants, menacés et intimidés, sont de plus en plus nombreux à choisir l’exil.

Malgré ces difficultés, la société civile continue de se mobiliser. Des manifestations, rassemblant des milliers de personnes, ont lieu régulièrement pour protester contre les dérives autoritaires du régime. Des initiatives citoyennes, comme la création de médias indépendants en ligne, tentent de contourner la censure et d’informer la population.

Une Hongrie résiliente : solutions et modèles alternatifs

L’ancien Commissaire européen László Andor, fort de son expérience au sein de la Commission Barroso II, souligne l’importance d’une application rigoureuse du droit européen, notamment à travers la procédure d’infraction. Cet outil, permettant de sanctionner les violations de l’État de droit, doit être utilisé avec plus de fermeté et de rapidité pour dissuader les dérives autoritaires.

Parallèlement, la lutte contre la désinformation doit être renforcée. Des initiatives concrètes, comme le développement de programmes d’éducation aux médias et la mise en place de sanctions contre les plateformes qui diffusent des fake news, sont essentielles pour protéger les citoyens et préserver l’intégrité du débat démocratique.

Enfin, l’héritage d’Otto de Habsbourg, avec sa vision d’une Europe fédérale, subsidiaire et sociale, offre un modèle alternatif inspirant. Son engagement pour une Europe unie, respectueuse des diversités nationales et fondée sur des valeurs humanistes, reste plus que jamais d’actualité afin de construire une Europe plus résiliente face aux menaces populistes et autoritaires.

L’influence de Trump et Musk : le spectre d’un monde post-démocratique

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et l’influence grandissante d’Elon Musk sur l’Europe avec son discours anti-système et son mépris des règles, représentent outre-Atlantique une menace sérieuse pour la démocratie en Europe. Trump, avec son nationalisme exacerbé et sa rhétorique anti-européenne, pourrait encourager d’autres dirigeants populistes à défier les institutions et les valeurs de l’UE. Musk, avec son pouvoir médiatique et sa fortune, promeut une vision libertarienne du monde, où les régulations et les institutions sont perçues uniquement comme des freins à l’innovation et à la liberté individuelle.

Ce contexte international délétère pourrait affaiblir encore davantage l’UE et encourager les dérives autoritaires au sein de ses États membres. L’Europe doit se réveiller et prendre conscience du danger. Elle doit défendre avec force ses valeurs démocratiques et promouvoir une vision positive de l’avenir, fondée sur la coopération, la solidarité et le respect des droits fondamentaux. L’enjeu est crucial : il ne s’agit de rien de moins que de préserver l’avenir de la démocratie dans le monde.

L’Europe à la croisée des chemins : un sursaut démocratique est-il encore possible ?

Le cas hongrois est bien un avertissement pour l’Europe. Il démontre que la démocratie, même au sein de l’UE, n’est jamais acquise. Elle est un combat permanent, qui exige vigilance et détermination. Face à la montée des populismes, à la propagation de la désinformation et aux tentations autoritaires, l’Europe doit réaffirmer avec force ses valeurs fondamentales : liberté, démocratie, État de droit, respect des droits humains.

L’UE ne peut se contenter de condamner les dérives du régime Orbán. Elle doit agir concrètement pour protéger les citoyens hongrois et préserver l’intégrité de son espace démocratique. Cela passe par une réforme des mécanismes de sanction, par une lutte plus efficace contre la désinformation et par un soutien accru aux acteurs de la société civile qui luttent pour la démocratie et l’État de droit.

L’Europe doit également réinventer sa communication et proposer une vision positive et inspirante où les citoyens européens, forts de leurs valeurs communes, pourront construire ensemble un monde plus juste, plus durable et plus démocratique. Le défi est immense, mais l’espoir est permis. L’Europe a les ressources et la capacité de relever le défi et de montrer la voie vers un avenir meilleur.

Régulation du numérique : bilan 2019-2024 et perspectives

Par Michaël Malherbe, Secrétaire Général

L’HEURE DES CHOIX POUR UNE 3E VOIE EUROPÉENNE :  DE LA PROLIFÉRATION NORMATIVE A LA COHÉRENCE STRATÉGIQUE

À l’heure où l’intelligence artificielle bouleverse nos sociétés et où les tensions géopolitiques s’exacerbent, l’Union européenne achève une mandature marquée par un foisonnement réglementaire sans précédent dans le domaine numérique, au point que l’Europe s’est imposée comme le premier régulateur mondial des technologies numériques. Pourtant, cette prolifération normative soulève aujourd’hui des interrogations cruciales : l’accumulation de textes garantit-elle leur efficacité ? Comment concilier protection des droits et innovation dans un contexte de compétition internationale accrue ? L’Europe peut-elle maintenir son leadership normatif sans compromettre sa souveraineté technologique ? L’Europe numérique est à la croisée des chemins. Entre le modèle chinois centré sur la sécurité nationale et l’approche américaine privilégiant la liberté d’entreprendre, l’Union européenne a fait le choix d’une régulation protectrice des droits des citoyens. Mais cette « troisième voie européenne » doit désormais relever le défi de la cohérence et de l’efficacité, au risque de voir son influence s’éroder face aux géants technologiques américains et chinois.

  1. Un arsenal réglementaire sans précédent : bilan d’une mandature ambitieuse

La mandature 2019-2024 a été marquée par un foisonnement réglementaire sans précédent dans le domaine numérique, initié par le commissaire Thierry Breton dans le cadre de sa feuille de route « Digital Decade 2020-2030 » ou « décennie numérique de l’Europe ».

Pour le think tank Renaissance Numérique, dans Bilan mandature : Politique numérique de l’UE : l’heure de la cohérence a sonné « le tumulte de la transformation numérique de nos sociétés […] a été marqué par une succession de réglementations dans la foulée de l’entrée en application du RGPD en 2018 ».

Songeons aux principales législations adoptées comprenant :

  1. Régulation des plateformes : Digital Markets Act (DMA) – 2022 ; Digital Services Act (DSA) – 2022
  • Stratégie sur les données : Data Governance Act – 2022 ; Data Act – 2023 ; European Health Data Space (en cours)
  • Intelligence artificielle : AI Act – 2024 ; Directive sur la responsabilité de l’IA
  • Cybersécurité : Directive NIS 2 ; Cyber Resilience Act ; Règlement DORA

Comme l’analyse la Fondation Robert Schuman, dans « Législation numérique : convergence ou divergence des modèles ? Un regard comparatif Union européenne, Chine, États-Unis » par Aifang Ma, Chercheuse post-doctorale Boya, Université de Pékin et Chercheuse associée, Sciences Po Paris : « l’Union européenne s’impose comme l’exemple type de l’arsenal juridique en matière numérique. Elle a institutionnalisé plusieurs méthodes : le droit à l’oubli numérique, la définition qualitative et quantitative de la position dominante des plateformes, et la gestion de l’IA basée sur les risques ».

Cependant, cette prolifération législative soulève plusieurs inquiétudes :

  1. Un manque de cohérence d’ensemble pointé par Renaissance Numérique avec « l’empilement de législations parallèles touchant au numérique laisse désormais entrevoir un paysage juridique aussi complexe que fragmenté » et « l’absence d’une vision d’ensemble et d’une gouvernance transverse ».
  2. Des risques de conflits entre régulateurs pour ce think tank qui alerte sur « la superposition des obligations réglementaires susceptibles d’entraîner de nombreux conflits de compétences entre régulateurs anciens et nouveaux […] sans arbitre ni procédures d’arbitrage ».
  3. Un impact potentiel sur la compétitivité selon la Fondation Robert Schuman qui souligne que « légiférer de manière préemptive n’est pas toujours propice à la croissance des plateformes numériques. Les effets dissuasifs ont tendance à décourager des entreprises de se lancer dans l’innovation technologique ».

Le bilan apparaît donc contrasté. Certes, en matière de régulation numérique, l’Union européenne peut se targuer d’un titre de leader normatif mondial et surtout d’une protection renforcée des droits des citoyens, voire d’un cadre juridique pionnier repris par d’autres pays. Mais, ces législations qui se chevauchent davantage qu’elles ne se complètent, créent de la complexité réglementaire, des risques pour l’innovation et la compétitivité des entreprises, sans compter les défis liés à la mise en œuvre à l’échelle des États-membres.

Bref, comme le résume Renaissance Numérique : « à force de combler des poches dites de « non-droit », le droit européen du numérique comporte des zones de « sur-droits » ou de « plusieurs droits ». Non par oubli de désigner des régulateurs, mais par leur superposition, sans mécanisme de cohérence transverse ».

Cette situation appelle à une rationalisation et une meilleure articulation des différents textes pour la prochaine mandature, afin de préserver l’équilibre entre protection des droits et innovation.

  1. Entre trois modèles : l’exception européenne face aux défis géopolitiques

Comme l’analyse la Fondation Robert Schuman, trois modèles distincts de régulation numérique émergent au niveau mondial, reflétant des priorités et des valeurs différentes :

  1. Le modèle européen : priorité aux droits des citoyens

« La protection des droits des citoyens est au cœur des politiques et législations en Europe. […] La manière dont l’Union européenne organise l’accès à internet peut être définie ainsi : restreindre la liberté des entreprises pour augmenter celle des individus ». La régulation numérique à l’européenne repose sur une approche préventive et prudente, des sanctions financières dissuasives, une protection forte des données personnelles et une régulation asymétrique selon la taille des acteurs.

  1. Le modèle américain : priorité à la liberté d’entreprise

« Politiques et législations des activités numériques américaines se caractérisent par la centralité de la liberté d’entreprendre ». La Section 230 du Communications Decency Act illustre cette approche en protégeant les plateformes de toute responsabilité éditoriale.

Une autre réflexion vient également de l’Institut Montaigne avec Charleyne Biondi, Chercheuse associée dans « [Trump II] – Les risques pour la souveraineté technologique européenne » qui souligne que « face à une industrie américaine déréglementée, et sans le soutien politique des États-Unis pour établir des normes communes de gouvernance au niveau international, l’UE risque de se trouver ostracisée par ses propres lourdeurs réglementaires ».

  1. Le modèle chinois : priorité à la sécurité nationale

Comme l’explique la Fondation Robert Schuman : « Le grand paradoxe en Chine est la coexistence entre une économie numérique dynamique et un cadre strict. […] Alors que le versant économique se fait de manière décentralisée […], le versant politique est marqué par sa centralisation ».

« Au cas où la transgression de règles par les sociétés numériques nuirait à la sécurité nationale ou à la stabilité sociale, l’État-parti réagit promptement […]. Les intérêts économiques sont, au moins temporairement, relégués à une position secondaire ».

Ces différences d’approche reflètent des visions distinctes du numérique et de son rôle dans la société. Comme le résume la Fondation Robert Schuman : « Ces trois modes peuvent parfois se chevaucher mais il existe une hiérarchie des normes difficile à inverser. Cela se traduit en particulier dans des circonstances où des objectifs distincts se gênent ».

III. Vers une stratégie numérique européenne repensée : Recommandations pour la prochaine mandature

La position de l’UE dans la rivalité technologique sino-américaine soulève des défis majeurs :

  1. Une souveraineté technologique menacée

Comme l’analyse l’Institut Montaigne, l’UE risque d’être « prise en étau » entre les États-Unis et la Chine sur plusieurs plans. Non seulement la dépendance aux terres rares : « l’UE, qui dépend à 98% de la Chine pour ses composants critiques, pourrait se retrouver indirectement prise en otage » dans une guerre commerciale sino-américaine. Mais aussi, la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement : « l’intensification des tensions commerciales pourrait pousser la Chine à réagir […] par des restrictions d’exportation sur des matériaux essentiels » ce qui aura un impact sur les chaînes d’approvisionnement des industries européennes.

  1. Le dilemme de la régulation de l’IA

L’approche européenne de régulation de l’IA illustre les tensions entre leadership normatif et impacts sur la compétitivité et l’innovation comme le souligne l’Institut Montaigne « face à une industrie américaine déréglementée […] les lourdeurs de l’AI Act pourraient condamner l’Europe à un retard irrattrapable en matière d’innovation ».

Le défi d’une gouvernance de l’IA et de normes communes au niveau international semble aussi souhaitable au regard du nouveau paradigme de l’IA aux effets quasi anthropologiques sur nos sociétés qu’utopique compte-tenu de la divergence entre les modèles de régulation numérique américain, chinois et européen.

Avec l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, c’est un programme de dérégulation de l’IA au profit d’une innovation à tout crin qui s’annonce. Les entreprises technologiques auront moins de contraintes mais les utilisateurs prendront plus de risques, quant aux « obligations de transparence sur les méthodes d’entraînement ou la gestion des biais, au risque de multiplier des usages irresponsables de ces technologies qui pourraient favoriser la discrimination, les préjugés ou la désinformation », selon l’Institut Montaigne.

Du côté européen, le rapport Draghi pointe de potentiels effets secondaires de l’AI Act européen pour la compétitivité des industries européennes. Charleyne Biondi, de l’Institut Montaigne point que « l’AI Act apparaissait déjà comme une approche assez risquée pour la compétitivité du secteur européen : jugé trop rigide pour permettre les innovations qu’il prétend encourager, et peu adapté aux évolutions rapides de ces technologies, il pourrait définitivement condamner les ambitions technologiques européennes dans un contexte global de déréglementation ».

  1. L’effet Bruxelles en question

Si l’influence normative européenne reste forte, comme le note la Fondation Robert Schuman, cf. « les pratiques européennes sont imitées en dehors de l’Union », elle est menacée par la fragmentation réglementaire interne avec « l’empilement de législations parallèles […] aussi complexes que fragmentées » mais aussi la concurrence normative internationale , puisque l’Institut Montaigne note que « d’autres juridictions, comme le Royaume-Uni, renoncent finalement à réguler trop sévèrement leur industrie pour éviter un désavantage comparatif avec les États-Unis ».

  1. Des opportunités à saisir

Nonobstant les opportunités d’affichage tel que le « leadership éthique » pointé par l’Institut Montaigne qui suggère que « l’UE a une rare opportunité de s’affirmer comme leader en matière de gouvernance éthique de l’IA » ou « Face à Trump, l’Europe a « l’attrait des résistants ». Elle peut ainsi rêver de séduire entreprises et investisseurs à la recherche d’un environnement moins incertain ».

Face aux défis identifiés, les trois think tanks formulent des recommandations complémentaires pour la prochaine mandature européenne. Il s’agit d’abord de rationaliser le cadre réglementaire existant. Renaissance Numérique insiste sur l’urgence d’une mise en cohérence : « Il est impératif que la nouvelle mandature européenne œuvre à la mise en place de textes de procédure et d’interprétation afin de garantir une articulation efficace entre les grands textes législatifs européens ».

Il convient surtout de développer une vision stratégique cohérente. Renaissance Numérique insiste sur la nécessité « de rationalisation réglementaire (qui) vise en réalité à assurer une efficacité transverse du droit européen du numérique ». (…) : « Lorsque plusieurs objectifs louables sont juxtaposés sans se soucier de leur articulation, toutes les protections et garanties espérées peuvent produire des effets inverses et, a minima, aucun effet espéré ».

La Fondation Robert Schuman complète : « Il est important d’endiguer et de prévenir les dérives néfastes de l’économie numérique, mais il l’est encore plus de créer un environnement favorable pour la croissance des entreprises. Législations et politiques du numérique en Europe doivent être aussi facilitatrices que restrictives ».

Alors que la nouvelle Commission von der Leyen commence à déployer son agenda, ces recommandations pour les décideurs européens convergent vers la nécessité d’une approche plus équilibrée et cohérente, conjuguant protection des droits, efficacité réglementaire et dynamisme économique.

L’Union européenne se trouve à un moment charnière de son développement numérique. Face à la montée en puissance du techno-populisme incarné par Elon Musk et à la perspective d’une présidence quasi-impériale de Donald Trump, l’Europe doit repenser sa stratégie numérique pour préserver à la fois sa souveraineté technologique et ses valeurs fondamentales.

Le modèle européen de régulation, caractérisé par une forte protection des droits individuels, se trouve confronté à un double défi. D’une part, la probable dérégulation américaine sous Trump risque d’accentuer le fossé de compétitivité technologique entre les deux continents. D’autre part, l’approche libertarienne promue par Musk, combinant innovation technologique débridée et discours anti-establishment, met à l’épreuve la vision européenne d’un numérique régulé et responsable.

Pour maintenir sa pertinence, l’Europe doit rationaliser son arsenal réglementaire pour le rendre plus cohérent et efficace, développer une véritable stratégie d’innovation compatible avec ses valeurs, renforcer sa souveraineté technologique tout en préservant sa capacité d’influence normative et trouver un équilibre entre protection des droits et compétitivité économique.

Offrant une alternative crédible aux modèles chinois et américain, la « troisième voie » européenne ne pourra émerger qu’en démontrant qu’une régulation intelligente peut coexister avec une innovation technologique au service du progrès.

 

Tracer l’avenir de la compétitivité de l’UE

 

UNE ANALYSE COMPAREE DES RAPPORTS DRAGHI ET LETTA

Par Michaël Malherbe, Secrétaire général de l’Atelier Europe

L’Union européenne navigue dans un paysage mondial turbulent, marqué par une convergence de défis sans précédent pour sa compétitivité économique et son statut global. La guerre en Ukraine, les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, la montée du protectionnisme et les effets persistants de la pandémie de COVID-19 ont mis en lumière les vulnérabilités du modèle économique de l’UE et amplifié la pression sur son marché unique, longtemps considéré comme le moteur de sa prospérité.

Dans ce contexte, deux rapports influents ont émergé, offrant des visions distinctes et complémentaires pour revitaliser le marché unique et renforcer la croissance et la compétitivité de l’UE : l’un dirigé par l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, et l’autre par l’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta. Quelle analyse comparative de ces rapports, en examinant leur vision commune, leurs approches divergentes et leurs implications critiques pour la politique de l’UE ? Un exercice de lecture croisée pour montrer les convergences et les complémentarités.

Vision partagée : nombreux domaines de convergence

Malgré leurs différences, les rapports Draghi et Letta convergent sur plusieurs points cruciaux, reflétant un diagnostic partagé des défis et des opportunités de l’UE. Les deux rapports soulignent de manière catégorique la nécessité urgente de renforcer et de compléter le marché unique, le reconnaissant comme le fondement de la compétitivité de l’UE. Ils mettent en avant l’importance critique de la transformation numérique, reconnaissant le retard de l’UE dans des technologies clés comme l’intelligence artificielle, la blockchain et l’informatique quantique, et appelant à des efforts concertés pour combler cet écart.

Les deux rapports plaident pour un investissement accru dans la recherche et le développement (R&D), appelant à un financement plus substantiel et coordonné au niveau de l’UE pour l’innovation. Ils insistent également sur la nécessité de réduire la fragmentation dans des secteurs cruciaux tels que l’énergie, les services numériques et les marchés de capitaux pour créer de véritables marchés européens intégrés capables de rivaliser à l’échelle mondiale.

Le développement des compétences et l’éducation occupent une place importante dans les deux analyses, reconnaissant le capital humain comme un pilier de la compétitivité future. Les rapports appellent également à une approche plus coordonnée de la politique industrielle au niveau de l’UE, allant au-delà du patchwork actuel de stratégies nationales pour répondre efficacement aux défis posés par la concurrence mondiale et les disruptions technologiques.

La simplification réglementaire, en particulier pour réduire les charges pesant sur les PME, est un autre domaine de convergence. Draghi et Letta soulignent l’importance de l’autonomie stratégique et de la réduction des dépendances dans des domaines critiques tels que les semi-conducteurs, les matières premières critiques et les énergies, une leçon soulignée par les récentes crises mondiales.

Approches divergentes : Principales différences

Bien que les rapports partagent de nombreux objectifs, leurs méthodes proposées et leurs domaines de concentration divergent, reflétant des perspectives différentes sur le rôle de l’UE, l’équilibre entre les forces du marché et l’intervention publique, et l’importance des considérations sociales.

Mécanismes de financement : Un point de divergence clé réside dans les mécanismes de financement proposés. Le rapport Draghi préconise des programmes de financement et d’investissement à grande échelle au niveau de l’UE, envisageant une approche plus centralisée de l’allocation des ressources, potentiellement par des mécanismes tels que les obligations de l’UE ou en utilisant le Mécanisme européen de stabilité (MES). En revanche, le rapport Letta met davantage l’accent sur la mobilisation du capital privé et la création de conditions pour des investissements dirigés par le marché, par exemple via une « Union de l’épargne et des investissements » basée sur l’Union des marchés de capitaux incomplète.

Modèles de gouvernance : Les rapports divergent également sur leurs modèles de gouvernance préférés. La vision de Draghi penche vers une gouvernance plus centralisée de l’UE dans les domaines stratégiques, potentiellement par un nouveau « Cadre de coordination de la compétitivité » doté de pouvoirs renforcés pour la Commission européenne. Letta, en revanche, se concentre sur l’amélioration de la coordination entre les niveaux national et de l’UE, maintenant un équilibre des compétences et plaidant pour un rôle plus fort des partenaires sociaux et de l’engagement des citoyens.

Révision des traités : Tandis que certaines recommandations de Draghi envisagent des évolutions des traités, Enrico Letta plaide pour des évolutions à périmètre constant :

  • Gouvernance centralisée de l’UE : La vision de Draghi va au-delà des dispositions actuelles du traité, elle pourrait nécessiter des changements dans la répartition des compétences entre l’UE et les États membres.
  • Programmes de financement et d’investissement de l’UE à grande échelle : Selon l’ampleur et la nature des mécanismes de financement proposés, le rapport Draghi nécessiterait des changements dans les processus budgétaires de l’UE ou les dispositions financières telles que décrites dans les traités.
  • Consolidation des entreprises de l’UE : Les recommandations du rapport Draghi nécessiteront des modifications du traité pour le droit de la concurrence ou la politique industrielle de l’UE qui vont au-delà des dispositions actuelles du traité.
  • Financement renforcé de la R&D et de l’innovation au niveau de l’UE : Sans nécessiter la création de nouvelles institutions au niveau de l’UE, des modifications significatives du mandat des institutions existantes pourraient justifier des modifications du traité.
  • Mesures d’autonomie stratégique : Selon leur portée, ces mesures pourraient nécessiter des changements dans les compétences de l’UE en matière de politique commerciale.

Échelle des entreprises : Les rapports diffèrent dans leur approche de l’échelle des entreprises. Le rapport Draghi met l’accent sur la nécessité de consolider les entreprises de l’UE pour atteindre une compétitivité mondiale, en particulier dans des secteurs clés comme les nouvelles technologies. Draghi soutient que l’UE doit créer des « champions européens » capables de rivaliser avec les géants américains et chinois. Letta, en revanche, met davantage l’accent sur le soutien aux PME et leur intégration dans le marché unique, plaidant pour un « Code européen du droit des affaires » afin de simplifier les opérations transfrontalières et de réduire les charges réglementaires.

Dimension sociale : Le rapport Letta se distingue par son accent plus fort sur la dimension sociale du marché unique, introduisant le concept de « liberté de rester » aux côtés de la liberté de circulation. Cela reflète une vision plus holistique de la compétitivité qui équilibre les objectifs économiques et sociaux, reconnaissant la nécessité de traiter les disparités régionales, la fuite des cerveaux et le potentiel de dumping social. Letta propose un « Vice-président pour la liberté de rester » au sein de la Commission européenne pour assurer la cohérence des politiques dans les domaines pertinents.

Focus sectoriel : Alors que le rapport Draghi se concentre davantage sur des secteurs stratégiques spécifiques comme les semi-conducteurs, les technologies propres et la défense, Letta adopte une approche plus large, examinant le marché unique dans son ensemble et soulignant la nécessité d’une stratégie globale qui englobe tous les secteurs et aborde des questions transversales comme le développement des compétences, la simplification administrative et la protection des consommateurs.

Engagement des citoyens : Enfin, le rapport Letta met davantage l’accent sur l’engagement des citoyens et la légitimité démocratique dans la gouvernance du marché unique, proposant des mécanismes pour une participation publique accrue, tels qu’une « Conférence permanente des citoyens » pour fournir des contributions sur les politiques du marché unique.

Analyse critique

Les deux rapports offrent des perspectives et des stratégies précieuses, chacun avec ses propres forces et défis potentiels. L’approche de Draghi, avec son accent sur l’action centralisée et le financement à grande échelle, pourrait potentiellement conduire à des changements rapides dans des secteurs clés et accélérer la réponse de l’UE à la concurrence mondiale. Cependant, elle pourrait rencontrer une résistance politique des États membres réticents à céder plus de pouvoir à Bruxelles et des préoccupations concernant le potentiel de distorsions du marché et de risque moral.

La vision de Letta, axée sur la coordination, la mobilisation du capital privé et le renforcement de la dimension sociale, pourrait s’avérer plus politiquement acceptable et adaptable aux divers contextes nationaux. Cependant, elle pourrait avoir du mal à générer l’ampleur des ressources nécessaires pour des investissements transformateurs dans des domaines comme l’IA ou les technologies vertes et pourrait trop compter sur les forces du marché pour relever les défis systémiques.

Implications pour la politique de l’UE

Les rapports Draghi et Letta ne sont pas mutuellement exclusifs, et une synthèse de leurs recommandations pourrait fournir une stratégie globale pour renforcer la compétitivité de l’UE. Par exemple, combiner les propositions de financement ambitieuses de Draghi avec l’accent de Letta sur le capital privé et les considérations sociales pourrait aboutir à une approche équilibrée et efficace.

À court terme, les décideurs de l’UE devraient se concentrer sur les domaines de convergence entre les rapports, tels que :

  • Accélérer la transformation numérique : Cela inclut l’investissement dans des technologies clés, le développement de compétences numériques et la création d’un marché unique numérique plus intégré.
  • Renforcer le développement des compétences et l’éducation : Cela implique de réformer les systèmes éducatifs, de promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie et d’attirer les talents mondiaux.
  • Réduire la fragmentation du marché : Cela nécessite de compléter le marché unique dans des secteurs clés, d’harmoniser les réglementations et de simplifier les procédures administratives.

Les considérations stratégiques à long terme devraient inclure :

  • Trouver un équilibre entre l’action centralisée et la coordination des États membres : Cela nécessite une approche nuancée qui respecte la souveraineté nationale tout en assurant l’efficacité au niveau de l’UE.
  • Équilibrer la compétitivité économique avec la cohésion sociale : Cela implique de traiter les disparités régionales, de promouvoir des conditions de travail équitables et de garantir que les avantages du marché unique sont largement partagés.
  • Positionner l’UE dans la course technologique mondiale : Cela nécessite des investissements stratégiques en R&D, le soutien aux écosystèmes d’innovation et le développement d’une politique industrielle robuste.

Les rapports Draghi et Letta offrent des visions complémentaires pour renforcer la compétitivité de l’UE par un marché unique revitalisé. Bien qu’ils diffèrent dans leur approche, ils soulignent tous deux la nécessité urgente d’agir pour sécuriser l’avenir économique de l’Europe. À mesure que l’UE avance, elle doit trouver une voie qui combine ambition et pragmatisme, dynamisme économique et responsabilité sociale, et un engagement envers les marchés ouverts avec une reconnaissance de la nécessité d’une autonomie stratégique. Ce n’est qu’en faisant cela qu’elle pourra espérer créer un marché unique véritablement compétitif, innovant et inclusif, à la hauteur des défis du 21e siècle.

 

Demandez le programme !

 

Quand l’envie d’Europe ne manque pas d’ambitions

par Michaël Malherbe, Secrétaire général

Les programmes des principaux partis politiques français aux élections européennes de juin 2024 dessinent des visions très variées certes, mais autour d’un point commun, une sorte d’ambition pour l’Europe. Ces visions, qui représentent la diversité des opinions relatives à la construction européenne sont malgré tout souvent positives : une « puissance » pour Renaissance, une « alliance des nations » pour le RN, une « civilisation » pour Reconquête, une Europe « à l’endroit » pour LR, une « puissance publique européenne » pour le PS, un « État providence écologique européen » pour les Écologistes ou encore une « Europe des peuples » pour le PCF.

Les différences majeures résident dans l’approche de la souveraineté, de l’économie et des transitions écologique et numérique, des frontières et même des innovations reflétant une diversité d’opinions sur le futur rôle de l’Europe, pour les Européens et dans le monde.

On peut identifier des « alliages » idéologiques qui se rassemblent au gré des programmes électoraux, autour de certaines convergences à l’échelle des grandes lignes, avant de rentrer davantage dans le détail des mesures :

  • Renaissance et Les Républicains partagent une vision d’une Europe forte et souveraine, avec un accent sur la défense et l’investissement technologique même s’ils diffèrent sur la méthode de gestion de l’économie et de la transition écologique et sur les sujets plus sociétaux.
  • Rassemblement national et Reconquête mettent l’accent sur la souveraineté nationale et la protection des frontières, avec une réticence à des intégrations européennes plus profondes, même s’ils ne franchissent pas la ligne du Frexit.
  • Place publique – PS et Les Écologistes visent une Europe écologique et sociale, avec un fort engagement en faveur des droits humains et de la justice sociale, mais les Écologistes sont plus radicaux dans leur approche environnementale et les Socialistes plus idéalistes dans les moyens budgétaires.
  • Parti communiste et LFI prônent des politiques anti-austérité et anti-libéralisation, mettant en avant la nécessité de protéger les services publics et de planifier l’économie pour assurer les transitions.Des points de divergence clés se cristallisent néanmoins rapidement à l’échelle de la vision de l’Europe : le clivage le plus « classique » oppose Renaissance, Place publique – PS, Les Écologistes qui favorisent une intégration accrue et même pour certains un fédéralisme européen, tandis que Rassemblement National, Reconquête, Les Républicains, Parti communiste et LFI prônent une Europe des nations avec divers degrés de coopération interétatique et respect de la souveraineté nationale.

Consensus de façade sur la défense

Si le sujet de la défense, afin d’assurer la sécurité des Européens, n’est oublié par aucun parti politique, derrière les convenances consensuelles autour du soutien à l’Ukraine et de la paix, ce qui se projette est bien plus que des nuances dans les mesures recommandées entre Renaissance et Les Républicains relatives au réarmement et au renforcement de la défense européenne, tandis que Rassemblement National et Reconquête sont minimalistes sur le sujet et que Parti communiste et LFI se placent sur la ligne d’une politique de paix, contre l’escalade militaire.Si l’on entre dans les détails, Renaissance veut une force armée de réaction rapide, le Rassemblement National une coopération industrielle sur des projets de défense, Reconquête vise le réarmement de l’économie européenne et la défense des intérêts français. Les Républicains visent à un renforcement militaire pour affronter les menaces extérieures. Place publique – PS veulent donner à l’Europe les moyens de se défendre, Les Écologistes bâtir une politique de diplomatie et de défense commune pour la paix, le Parti communiste promouvoir la paix et la sécurité collective et LFI fait la promotion d’un cessez-le-feu immédiat dans les zones de conflit.

Quelle transition ?

Sur l’énergie et le climat, l’une des principales préoccupations des citoyens, les lignes de fractures se recomposent différemment autour d’un seul axe, avec Renaissance et Les Écologistes, réunis autour d’objectifs ambitieux pour la transition énergétique et la protection de l’environnement, tandis que Reconquête est à l’autre extrémité sur une position de scepticisme climatique et d’opposition au pacte vert. Entre les deux, Les Républicains ou le Parti communiste se positionnement à mi-chemin en faveur d’une transition écologique avec soutien à l’industrie et souveraineté énergétique.

Là encore, plus dans le détail, les divergences se précisent davantage. Renaissance veut reprendre le destin énergétique en main avec une priorité au nucléaire et aux renouvelables tandis que le Rassemblement National cherche la souveraineté énergétique sans dépendance excessive aux énergies renouvelables. Reconquête s’oppose au pacte vert et promeut des énergies traditionnelles tout en intégrant des innovations écologiques. Les Républicains encouragent le progrès et la science pour affronter le changement climatique. Place publique – PS veulent créer une agence de planification écologique européenne, Les Écologistes sont sur l’objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2040, le Parti communiste se fait le chantre de la promotion d’une écologie populaire et de la souveraineté énergétique et LFI plaide pour la planification écologique européenne.

Autour de l’économie, les lignes de partage retrouvent des modes de différenciation propre à la vie politique parlementaire française contemporaine. Renaissance plaide pour l’Union de l’épargne et de l’investissement et 1 000 milliards d’euros pour faire face aux chocs écologique, technologique et sécuritaire, tandis que Rassemblement National et Reconquête sont favorables au protectionnisme et à la souveraineté économique. Place publique – PS et Les Écologistes se rejoignent autour de la réindustrialisation et de la transition écologique de même que Parti communiste et LFI, contre les règles d’austérité et pour la redistribution des richesses.

Pour trouver les lignes de fracture les plus sensibles, les migrations illustrent la diffraction de la société française où il peut être utile de distinguer chaque force politique: Renaissance propose un contrôle renforcé des frontières et une coopération entre les polices et services de justice. Le Rassemblement National veut réhabiliter les frontières nationales et mettre en place une « double frontière » ainsi que renvoyer les migrants illégaux avec l’aide de Frontex. Reconquête fait de la surenchère avec la mise en place d’une triple-frontière ainsi que l’expulsion et la remigration des clandestins. Les Républicains visent sobrement à maîtriser les frontières extérieures. A gauche, les positions évoluent entre Place publique – PS pour l’harmonisation des procédures d’asile et la création d’un espace européen de protection des demandeurs d’asile ; Les Écologistes sont en faveur d’une politique d’accueil juste et digne; le Parti communiste pour une politique migratoire plus humaniste et le respect des droits des migrants et LFI plaide pour l’organisation d’un accueil coordonné et digne et la garantie du droit d’asile sur le sol européen.

Sur l’innovation et les technologies, c’est l’opportunité de se différencier tant par les absences, comme l’intelligence artificielle peu mentionnée, que par les présences : Renaissance et Les Républicains plaident pour des investissements dans les secteurs numériques et technologiques, le RN pour un cloud souverain européen pour protéger les données et Place publique – PS et Les Écologistes pour la protection des créateurs et les technologies vertes.

Les questions institutionnelles

Les réformes institutionnelles de l’Union européenne sont également un sujet de divergence notable parmi les principaux partis politiques français. Renaissance vise à un renforcement des institutions européennes pour une Europe plus intégrée avec la création de nouveaux fonds et mécanismes pour la coopération entre États membres. Le Rassemblement National s’oppose à une Europe fédérale, veut renforcer le rôle des nations et des souverainetés nationales et même plaide pour une sorte de sortie de l’UE en réaffirmant « la supériorité de la Constitution française sur les normes et juridictions européennes », une position défendue différemment par Reconquête qui veut « modifier l’article 55 de notre Constitution pour sanctuariser la primauté du droit national sur le droit européen ». Les Républicains ne proposent pas de réforme institutionnelle, moins de normes et plus de résultats, tandis que Place publique – PS liste ses attentes : création d’une agence de planification écologique européenne, d’un « défenseur des droits » élu par le Parlement européen sans aller jusqu’à la position des Écologistes qui proposent une assemblée constituante européenne pour refonder l’Europe sur des bases plus démocratiques et écologiques. Sur la question du budget, Place publique- PS plaide pour augmenter le budget européen pour atteindre 5% du PIB, avec des ressources propres pour financer des initiatives paneuropéennes.

Les divergences sur la réforme institutionnelle de l’UE illustrent des visions fondamentalement différentes du futur de l’Europe. Les partis pro-européens comme Renaissance, Place publique – PS, et Les Écologistes cherchent à renforcer et à réformer les institutions européennes pour une intégration plus profonde et démocratique. En revanche, les partis souverainistes comme Rassemblement National, Reconquête, Les Républicains (avec mesure), Parti communiste, et LFI insistent sur la préservation de la souveraineté nationale et une limitation des compétences de l’UE, tout en favorisant des coopérations interétatiques sur des domaines spécifiques.

Le débat sur l’élargissement de l’UE reflète des visions opposées de l’avenir de l’Europe. Renaissance, Place publique – PS, et Les Écologistes voient l’élargissement comme une opportunité de renforcer l’UE, sous réserve de critères rigoureux en termes de démocratie, d’économie, et de droits de l’Homme (et environnementaux pour les Écologistes). En revanche, Rassemblement National, Reconquête, Les Républicains (avec prudence), Parti communiste, et LFI préfèrent consolider l’Union actuelle, en renforçant la souveraineté nationale et en évitant une dilution des institutions européennes et des politiques nationales, refusant toute nouvelle adhésion, souvent pour des raisons de protection de la souveraineté nationale et de prévention des politiques néolibérales.

ANNEXE : SYNTHESE DES PROGRAMMES ELECTORAUX AUX ELECTIONS EUROPEENNES DE JUIN 2024

Renaissance : nous avons besoin d’Europe

Le programme détaillé sur besoindeurope.fr vise à faire de l’Europe une puissance forte, sûre et indépendante et « en même temps » écologique, économique et sociale :

  • Réarmer, avec des budgets défense, une force de réaction rapide et un Fonds européen de soutien aux industries de défense ;
  • Mobiliser 1 000 milliards d’euros d’investissements pour faire face aux chocs écologique, technologique et sécuritaire, s’appuyant sur une « Union de l’épargne et de l’investissement » pour être champion du monde dans 5 secteurs clés : énergie, transports, numérique, santé et espace ;
  • Reprendre notre destin énergétique en main, le premier continent à l’électricité décarbonée, avec zéro énergie venue de Russie en 2025 et zéro énergie fossile en 2050, grâce au nucléaire et aux renouvelables ;
  • Protéger et contrôler nos frontières avec une force de garde-frontières renforcée et une coopération accrue entre les polices et services de justice ;
  • Inscrire le droit à l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux
  • Protéger nos enfants avec la majorité numérique à 15 ans ;
  • Bâtir un réseau européen des Instituts culturels nationaux pour la diffusion de la culture européenne

Rassemblement national : la France revient, l’Europe revit

Sur le site vivementle9juin.fr, le programme du RN vise à poser les jalons d’une Europe des nations qui défend à la fois les modes de vie et le niveau de vie des peuples, tout en portant l’ambition de coopérations entre États autour des grandes nécessités du XXIème siècle : la coopération industrielle et technique sur les grands projets d’avenir, notamment l’intelligence artificielle, le développement des échanges scientifiques sur les défis du XXIème siècle en vue de créer une Alliance européenne des nations pour rendre aux peuples leur souveraineté :

  • Réhabiliter la frontière comme outil de protection et de régulation ;
  • Un Pacte pour établir une concurrence extra-européenne loyale ;
  • « Double frontière » Contrôler les frontières nationales et mettre en place une frontière aux portes de l’Europe en permettant à Frontex de renvoyer les migrants illégaux ;
  • Reprendre en main notre souveraineté énergétique ;
  • Défendre la constitution d’un cloud souverain européen, et non d’un simple « cloud de confiance » perméable aux ingérences juridiques américaines et chinoises.

Reconquête : faire de la défense de la civilisation, la pierre angulaire de notre projet européen

  • Sur le site votezmarion.fr, 92 propositions pour libérer à l’intérieur et protéger à l’extérieur, avec leurs alliés groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), au cœur de la véritable alternative à travers des minorités de blocage et des majorités de projet :
  • Combattre l’islamisation, stopper l’invasion, expulsion et remigration des clandestins, engager la triple-frontière avec une «frontière au-delà de nos frontières » ;
  • Affirmer les racines de notre civilisation européenne et chrétienne, protéger nos enfants de la propagande woke, de l’activisme lgbt, contre la drogue et pour la natalité ;
  • Reprendre notre destin en main, réaffirmer notre souveraineté et bâtir l’Europe des coopérations ;
  • Promouvoir une Europe des ingénieurs, de la recherche et de l’innovation, contre le pacte vert, en finir avec l’inflation des normes et des taxes ;
  • Réarmer l’économie européenne et défendre la puissance française.

Les Républicains : ensemble, redressons la France et remettons l’Europe à l’endroit pour maitriser notre destin

Avec un dispositif de communication minimal, sans site de campagne dédié, l’approche programmatique de « la droite pour faire entendre la voix des Français en Europe » : contre l’impasse inefficace et fédéraliste d’Emmanuel Macron et l’impasse socialiste et anti-européenne de Marine Le Pen : le RN est anti-européen et Renew est anti-nation. Redresser la France et remettre l’Europe à l’endroit pour pouvoir de nouveau maitriser notre destin : l’Europe doit se concentrer sur l’essentiel en mettant sa puissance d’intervention à affronter les défis qui ne peuvent être relevés qu’ensemble : la paix et la maitrise de nos frontières, l’adaptation au changement climatique et la préservation de la biodiversité, l’investissement dans les technologies du futur et la prospérité grâce au marché intérieur. L’action de l’Europe doit passer par moins de normes et atteindre plus de résultats :

  • Face à des puissances prédatrices et à l’aggravation des menaces, l’Europe doit se réarmer ;
  • Pour garantir notre souveraineté économique et augmenter le pouvoir d’achat des Français, l’Europe doit choisir l’investissement et le progrès technologique et soutenir nos agriculteurs, nos pêcheurs et notre ruralité ;
  • Contre le changement climatique et pour la biodiversité, l’Europe doit encourager le progrès et la science ;
  • Pour maintenir la cohésion du continent européen, l’Europe doit maîtriser ses frontières extérieures ;
  • Pour se rapprocher des citoyens, l’Europe doit privilégier les grands projets et mettre en œuvre la volonté exprimée par les institutions représentatives des peuples européens.

Place publique – PS : Réveiller l’Europe

  • Le site de campagne Glucksmann2024.eu capitalise sur l’image de sa tête de liste, avec un programme, l’agenda « Europe 2030 » pour :
  • Une Europe puissante: donner à l’Europe les moyens de se défendre, réindustrialiser nos nations et rompre avec le dogme du libre-échange et produire en Europe afin d’assurer notre souveraineté industrielle en élaborant une stratégie du « fabriqué en Europe »
  • Une Europe écologique afin de bâtir une puissance pour le climat : créer une agence de planification écologique européenne, fondée sur le modèle de dialogue social du commissariat au plan afin d’assurer un suivi efficace de nos objectifs environnementaux et sociaux
  • Une Europe sociale, du pouvoir de vivre avec un plan d’investissement dans la rénovation des bâtiments et la construction de logements et un plan européen d’investissement dans les énergies renouvelables, le réseau électrique et les technologies propres ; une Europe qui défend les travailleurs : justice salariale, un « bouclier emploi » en généralisant le principe du « former plutôt que licencier » ; une Europe de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la cohésion territoriale : doubler le budget du fond social européen ;
  • Une Europe humaniste et juste – défendre l’état de droit en créant un « défenseur des droits » élu par le parlement européen, ayant un rôle de vigie ; garantir à chaque femme européenne les droits les plus protecteurs de l’UE en adoptant la « clause de l’Européenne la plus favorisée » ; une Europe de l’hospitalité en harmonisant les procédures d’asile, d’examen et d’attribution du statut de réfugié conformément aux critères de la convention de Genève, via la création d’un espace européen de protection des demandeurs d’asile ;
  • Une Europe puissance pour l’avenir : une réelle exception culturelle européenne pour protéger notre création en doublant le budget européen de la culture alloué au programme «Europe Créative» ; assurer la protection des créateurs et ayants droit dans le marché européen de l’intelligence artificielle générative; reconnaissance mutuelle des diplômes dans tous les domaines et doubler le budget du programme «Horizon Europe» ; adopter une « exception sportive », au même titre que « l’exception culturelle » ; l’Europe de la jeunesse avec une allocation d’autonomie pour tous les jeunes européens de 15 à 25 ans, ni en emploi, ni en études ; l’Europe puissance géopolitique qui construise un partenariat entre égaux avec l’Afrique et la Méditerranée pour créer ensemble un espace de co- développement ;
  • Une Europe démocratique et intègre : démocratiser l’Europe et défendre l’intégrité de la démocratie européenne en créant une haute autorité de l’intégrité de la vie publique européenne ; lutter contre la concentration de la propriété des médias en approfondissant le règlement sur la liberté des médias ;
  • Une puissance publique européenne: soutenir l’investissement et l’activité économique en instaurant des règles climatiques pour investir dans la transition écologique, mutualiser les dettes européennes et augmenter le budget européen pour atteindre 5% du PIB.

Les Écologistes : sauver le climat et faire face à l’urgence sociale avec un État providence écologique européen.

Plus l’Europe sera solidaire, plus l’Europe sera forte. Nous proposons un modèle de protection sociale et environnementale basé sur la solidarité : l’État-providence écologique, autour d’un programme de combats pour la justice et le vivant et d’un saut fédéral pour un sursaut européen :

  • Une Europe qui réencastre son économie dans les limites planétaires pour passer d’une économie qui détruit à une économie qui répare, un traité environnemental pour faire de la protection de l’environnement la norme des normes, sortir de l’austérité pour investir dans la bifurcation écologique, mettre la politique monétaire au service de l’écologie, un buy green and european act pour privilégier les produits vertueux et faits en Europe, baisser la tva sur les produits verts pour rendre les produits sains ou issus de l’économie circulaire accessibles à toutes et tous, un protectionnisme vert pour protéger nos entreprises et l’emploi de la concurrence déloyale et mieux protéger la planète ;
  • Une Europe qui agit pour sauver le climat : objectif 100% renouvelables en 2040, un fonds de souveraineté écologique pour sortir des énergies fossiles, un plan de report modal pour passer du camion et de l’avion au rail et au vélo, sortir la finance des activités climaticides et une politique d’adaptation au dérèglement climatique ;
  • Une Europe qui préserve enfin le vivant et les communs naturels : instaurer un droit à la nature, faire renaître une forêt primaire en Europe, mettre en place un pacte bleu pour préserver les fleuves, glaciers et océans, interdire les produits chimiques dangereux et sortir du plastique, conduire une stratégie ambitieuse pour le bien-être animal ;
  • Une Europe qui réussit la transition de l’agriculture et de la pêche : des revenus dignes et des pratiques plus écologiques: une PAC plus verte, plus juste, pourvoyeuse d’emplois, fonds de transition pour l’agriculture et pour la pêche, mettre fin aux pratiques agricoles et de pêche destructrices, assurer le renouvellement des générations, sortir du libre-échange et mettre en place une politique commerciale juste et une Europe qui protège face à l’explosion des inégalités et au nouveau régime climatique ;
  • Garantir la justice sociale en créant de nouveaux droits : un droit de veto social pour inverser la courbe des inégalités, un revenu minimum européen à commencer par un revenu de formation pour les jeunes, eau, alimentation, énergie : garantir les besoins essentiels, garantir le droit à un logement sain ;
  • Une Europe qui agit pour l’emploi : mettre en place un pacte pour l’emploi mobilisant et protégeant les travailleurs et les travailleuses dans la bifurcation de notre économie, impulser une politique industrielle de sortie des toxiques, protéger les droits des travailleurs et des travailleuses, renforcer les libertés syndicales et instaurer une garantie à l’emploi pour les personnes éloignées de l’emploi ;
  • Une Europe de la santé pour toutes et tous : un service public européen du médicament, le droit à la santé pour toutes et tous : une CMU européenne et un statut pour les aidants, investir dans la santé des femmes ;
  • Un saut fédéral pour refonder et démocratiser l’Europe : rendre le pouvoir au peuple : une assemblée constituante européenne, une union européenne qui se dote de ressources financières propres pour avoir enfin les moyens de sa politique, adopter une loi de séparation des lobbies et des institutions, protéger la liberté de l’information du pouvoir de l’argent et des ennemis de la démocratie, en finir avec les paradis fiscaux ;
  • Une Europe qui renforce les droits humains et défend des valeurs d’inclusion : inscrire l’ivg dans la charte des droits fondamentaux et déployer la clause de l’européenne la plus favorisée, combattre toutes les formes de discrimination, reconnaître toutes les unions et tous les enfants ;
  • Une Europe qui agit pour la paix et un ordre mondial plus juste : soutenir l’Ukraine face à Vladimir Poutine, bâtir une politique de diplomatie et de défense commune, entre Israël et la Palestine, l’Arménie et l’Azerbaïdjan… Partout : faire de l’Europe une force de paix, un Erasmus de la mémoire, pour construire une mémoire européenne commune, une politique d’accueil juste et digne, un traité de non- prolifération des énergies fossiles, garantir le droit au développement pour rééquilibrer les rapports nord sud.

Le Parti communiste : Gauche Unie pour le monde du travail : Reprenons la main en France et en Europe

Une autre construction européenne est possible, c’est un enjeu politique et social majeur pour une Europe des peuples et des nations libres, souverains et associés autour d’orientations nouvelles et d’engagements pour la mandature :

  • Garantir la souveraineté démocratique des peuples : lutter contre le retour de l’austérité européenne, refuser l’élargissement de l’UE, respecter les choix démocratiques souverains des peuples, de nouvelles coopérations économiques, contre les traités de libre-échange ;
  • Promouvoir la paix et la sécurité collective: imposer une réelle autonomie stratégique, impulser un espace méditerranéen de coopérations, bâtir un nouvel ordre du monde ;
  • Prendre le pouvoir sur le capital : favoriser une nouvelle industrialisation et lutter contre les délocalisations, promouvoir une écologie populaire et garantir notre souveraineté énergétique, construire une véritable politique commune de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, dans l’objectif de garantir la souveraineté alimentaire des peuples, la régulation d’Internet et la construction d’une souveraineté numérique ;
  • Développer les services publics : en finir avec les libéralisations, sortir la santé des logiques marchandes, développer les services publics de transports, sortir l’enseignement et la recherche des politiques néolibérales, impulser une politique nouvelle en faveur de la jeunesse ;
  • Conquérir le progrès social et l’égalité : de nouvelles conquêtes sociales, l’égalité des droits, promouvoir la vie associative et l’économie sociale et solidaire, libérer l’art, la culture et les médias des dogmes du marché et défendre l’exception culturelle ;
  • Se donner les moyens de changer radicalement d’Europe en favorisant les luttes et les mouvements sociaux, en développant les coopérations politiques pour d’autres politiques en Europe, en agissant pour une autre utilisation de l’argent, en développant la lutte contre l’évasion fiscale et en réformant les fonds structurels européens.

LFI : la force de tout changer

La partie consacrée aux élections européennes sur le site de la France insoumise met en avant les fonds récoltés pour la campagne, dans les campagnes aux US et déroule un programme sans réforme institutionnelle de l’Europe :

  • Sortir de l’austérité et partager les richesses : abolir les règles d’austérité anti- services publics, taxer les riches et les superprofits, mettre en place une allocation d’autonomie contre la pauvreté de la jeunesse ;
  • En finir avec le dumping social : mettre en œuvre, au niveau européen, la victoire insoumise sur la directive de présomption de salariat effective empêchant les plateformes d’avoir recours aux faux indépendants ;
  • Sortir du libre-échange et relocaliser et mettre fin aux accords de libre-échange
  • Faire la planification écologique européenne : baisser les prix de l’alimentation en encadrant les marges des multinationales, sortir des pesticides et garantir une rémunération digne aux salariés de l’agriculture, passer au 100% énergie renouvelable d’ici 2050 ;
  • Faire respecter la souveraineté populaire en Europe : contre le retour de la Commission européenne soutenue par la coalition de la droite, des macronistes et des socialistes et chasser les lobbies des institutions européennes ;
  • Étendre les droits et libertés face aux réactionnaires : inclure le droit à l’IVG et à la contraception, et leur accès gratuit pour toutes les femmes, dans la Charte européenne des droits fondamentaux ;
  • Lutter contre l’exil forcé et organiser un accueil coordonné digne et garantir le droit d’asile sur le sol européen
  • Pour la paix : refuser la vassalisation de l’Europe, défendre un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et incarner la voix de la paix en Europe ;
  • Nouvelles frontières de l’humanité : construire de nouveaux horizons de progrès écologique pour protéger les biens communs de l’humanité et nous porter aux nouvelles frontières que sont les mers et le virtuel..